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Prof non conforme...
21 mai 2008

Travail en équipe

Issu d'un échange sur la liste Freinet2d degré (merci à Claire Marie, Catherine et Roger)et d'archives du forum enseignants conscients Vous trouverez aussi des pistes sur www.retorica.info

Méritant d'être complétée par vos réactions, commentaires...

Expérience sur une année :

Classe très hétérogène de 22 élèves, 9 filles seulement.

1 élève est complètement associable, ascolaire (il vient avec juste un stylo et une feuille, pas de classeur, pas de livre.....) et relativement agressif dès qu'on lui demande quelque chose. Il est passé par le dispositif relais 2 X 6 semaines, mais ils n'ont rien pu bâtir avec lui. Manifestement pb psy à la base, pas de famille présente... le désastre humain. Il perturbait beaucoup les autres en début d'année, d'autant qu'il y avait un 2ème élève caractériel aussi (exclu du collège depuis quelques semaines).

Ces deux élèves entraient systématiquement en conflit avec les enseignants qui adoptaient une posture magistrale, frontale. Pas moyen d'aligner 2 phrases. Dans les moments d'interactivité avec la classe, ils "cassaient" les dialogues qui s'instauraient.

J'ai très rapidement mis en classe mes équipes en voyant cela (dès la première semaine) et dans ma classe (j'étais alors la seule dans l'équipe pédagogique à le faire), je n'ai plus eu de problème avec eux deux. Ils ne fichaient pas grand-chose, mais mis dans une équipe (pas la même !), ils se diluaient et n'avaient surtout plus de prof à affronter. L'un d'eux me l'a d'ailleurs reproché en bilan de fin de trimestre :

- "m'dame ! vous ne faites pas votre travail...

- ah ? explique-moi ça, que veux-tu dire ?

- c'est nous qu'on fait tout le boulot (sic). Vous faites pas de cours. Vous faites que nous regarder."

Et oui, en quelque sorte, il avait raison...

Le travail est fait est en amont (conception de la séquence entière, avec la fiche de connaissances / méthode à laquelle je souhaite aboutir) et en aval (à la fin de chaque heure de travail en équipe je relève une fiche de groupe qui met en forme les résultats de la recherche-j'ai vérifié auparavant que chacun a bien aussi des notes personnelles dans son classeur-).

La méthode a assez bien marché jusqu'en novembre, puis j'ai commencé à avoir des problèmes avec mes équipes. Je pense qu'une lassitude s'était instaurée, et que les élèves ont perverti le système et j'ai rencontré les problèmes que tu décris : il y a toujours un élève qui ne travaille pas, ou ils travaillent à tour de rôle, le temps imparti n'était jamais respecté, ils parlent d'autre chose... etc...

J'ai donc arrêté avec cette méthode et repris une pédagogie plus frontale, tout en maintenant la possibilité pour les élèves de rendre des travaux facultatifs valorisants (présentation de livres, d'exposés, entraînement brevet etc...) pour ceux qui le souhaitaient, en équipe "choisie" si le voulaient.

Résultat : je n'ai plus eu que 6 élèves sur 22 qui travaillaient vraiment !

Il y a 9 garçons et 2 filles qui sont de vraies "enclumes" (en + des deux décrits ci-dessus), ce qui nous fait quand même 13 élèves / 22 qui ne savent pourquoi ils viennent en classe. Pas de dynamisme qui s'ajoute à des problèmes d'acquis antérieurs insuffisants. J'ai fait passer le DELF A1 à toute la classe et force est de constater que même pour des élèves dont les familles ne parlent pas une autre langue que le français, il y a un problème d'insuffisance linguistique énorme.

Varier les sujets, s'entretenir individuellement, analyser les erreurs de manière individuelle, valoriser tout ce qui peut l'être ... rien n'y fait (ni dans mon cours, ni ailleurs).

Au mois de mars la situation est devenue gravissime car nous avions pris beaucoup de retard.

J'ai donc conçu les 2 séquences suivantes entièremement : la caricature de presse / lecture d'image - Lire et comprendre les enjeux d'une oeuvre du XIXème (Colomba, Mérimée) -

Je les ai distribuées aux élèves remis en équipe constituées selon leur voeux : les copains avec les copains. Résultat : les élèves performants sont ensemble, les faibles aussi, les démotivés se tirent vers le bas... :-((

J'ai fixé un calendrier et une évaluation finale. Régulièrement, je donnais des tests autocorrectifs puis je faisais 1 heure de reprise.

==>2 équipes sur 8 ont rendu les travaux dans les temps.

Les autres n'ont soit rien rendu, soit on rendu des travaux partiels.

Tout le monde a fait l'évaluation prévue à la date prévue.

C'est un désastre pour ceux qui ont travaillé, un résultat honorable pour ceux qui ont travaillé.

On a fait le bilan ensemble : 6 élèves se sont exprimés. Les autres sont muets... répondent de manière monosyllabique... pas d'interaction avec leurs camarades non plus...

J'ai refait les équipes à mon goût en mélangeant les compétences et en expliquant que les Ferrari, les 2CV, les tracteurs, les quads, les motos, les vélos, les twingos etc... sont tous des moyens de transport, mais n'ont pas tous la même vocation. Il n'y a eu aucune contestation (sauf du côté des 2 "Ferrraris"), car les plus faibles se sont bien rendus compte qu'ils ne peuvent pas progresser.

J'ai distribué le plan de travail pour la séquence suivante : Etude d'une oeuvre intégrale du domaine étranger (+ humour) "pourquoi j'ai mangé mon père".

Et.............SURPRISE !

TOUT LE MONDE TRAVAILLE ! même mon associable...

Je pense que les élèves ont été déstabilisés par ma manière de travailler en début d'année. Dans notre collège de ZEP, les élèves sont globalement installés dans une dépendance de l'adulte extrèmement forte. Ce qui régit les relations c'est la crainte d'être sanctionné (ou le désir de l'être pour certains : j'ai vu des élèves ne pas regretter d'être collés le mercredi ou tout faire pour être exclus et inscrire ces sanctions à leur tableau d'honneur).

Ils n'ont pas l'habitude d'être autonomes, ni responsabilisés dans leur travail et dans les conséquences de leur travail.

J'ai mis toute l'année pour installer la notion de "compétence" et d'évaluation par compétence.

J'ai repris avec eux le socle commun de compétence pour expliquer ce qu'ils devaient savoir en fin de 3ème. J'ai donné des sujets de commentaire de seconde, et des sujets de dissertation (je fais partie de ceux qui pratiquent la dissertation en seconde, l'année de première ne suffit pas), j'ai donné aussi des sujets de BEP/CAP sur les mêmes textes.

J'ai fait passer le DELF à toute la classe pour mesurer le niveau d'acquisition du français. Certains sont assez "choqués" de constater qu'ils ont un niveau de français inférieur à celui d'élèves de FLE à l'étranger... ils se mettent actuellement à leurs fiches de vocabulaire avec plus de conviction. Mais tout cela vient bien tard dans l'année !

Si nous sommes plusieurs dans une équipe pédagogique à travailler ainsi, ça marche. Mais si on est le seul enseignant / 8 et seulement 10 / 60 dans tout l'établissement à le faire, c'est très difficile.

Je pense qu'en toute fin d'année, on aura tout de même gagné quelque chose avec cette classe. Entretemps, la prof de maths et celle de SVT s'y sont mises aussi en décembre, devant l'inertie de la classe.

Il y a aussi des alchimies de groupe que nous ne maîtrisons pas.

Quelles activités en équipe ?

Le travail en équipe me paraît fondamental dans le cas où l'équipe doit impérativement sortir un texte pour l'extérieur. 

Une bonne longueur me paraît être une page a5 helvetica, soit 2.000 signes ou 300 mots (collège, lycée).  On peut aller jusqu'à la double page a5 mais pas au-delà (lycée).

Dans une équipe d'élèves conception et  réalisation peuvent être partagées ou combinées. Le texte qui en sort va être revu par le prof. S'il est amené à faire des propositions d'écriture, il les fait valider par l'équipe.
La réalisation de supports plus visuels type panneaux, permet de valoriser et réintégrer les élèves en grande difficultés...

D'autres idées ???

Pour le bruit :

- les groupes qui font trop de bruit sont pénalisés (des points en moins

sur cet item, à chaque rappel à l'ordre pour les 3ème, des points rouges

pour les 6èmes)

- en 6ème : je mettais des responsables du calme (1 par tranche de 10

mn). Leur mission est de passer dans les groupes et de dire "il faut

chuchoter" quand un élève se met à parler à haute voix ;

- quand on fait du théâtre et de la poésie on apprend à poser sa voix

pour chuchoter en étant audible ;

- j'ai une boîte à meuh dans la classe, que j'actionne quand le bruit

est trop fort. Ca fait rire, mais ça marche....surtout si on la confie à

un élèves qui doit en user avec discernement !

- sur un grand panneau sont écrites les règles du travail de groupe,

fixées par les élèves en début d'année.

- les premières fois, j'ai interrompu les travaux : "aujourd'hui, il y a

eu beaucoup trop de bruit, donc demain, vous ferez le travail de manière

individuelle". Il faut absolument tenir cette promesse, puis réessayer

le groupe...

==> tout ça finit par être efficace. Il y a aussi des heures plus

propices que d'autres.

Composition des groupes :

1° méthode : laisser les élèves se placer quatre par quatre. Bien observer les retardataires : ce sont les marginaux qui vont tenter soit de faire le 5°, soit de rester seuls. Finalement chaque groupe se stabilise. Bien noter ces compositions de groupe et les conserver.

2° méthode : faire un sociogramme. Sur un a6 chaque élève met son nom et celui de trois autres élèves avec qui il  souhaiter travailler. Le prof dépouille chez lui ces données et concrétise les choix par des flèches (--->). Il remarque des couples, des trios, des quatuors (excellent), des singletons (personnalités difficiles) et une ou deux nébuleuses assez indéfinies mais d'où émergent des noms vers qui convergent beaucoup de flèches. Ce sont les leaders d'opinion dont l'avis est fondamental en cas de crise, leaders d'autant plus efficaces que les intéressés ne se savent pas aussi populaires ! Si l'établissement fonctionne sainement ces leaders d'opinion deviennent délégués de classe. Sinon, ils se révèleront sous la forme de délégués”de lutte.

Les deux méthodes sont complémentaires. La 1° est plus rapide mais la 2° a un effet magique : “Ah, chouette, le prof nous a mis ensemble. C'est sympa.”(R.F.)

- je ne m'occupe que des affinités nocives. J'explique aux élèves qu'en

classe nous sommes dans un espace de travail, et qu'au travail on n'est

pas là pour jouer, mais pour... travailler. Il s'agit donc d'être

efficace et pour être efficace, il faut être complémentaire (là je case

ma métaphore des moyens de transport à vocations diverses). Je donne

aussi comme exemple que leurs parents ou leurs professeurs ne

choisissent pas leur collègues de travail, on n'est pas obligé d'aimer

ses collègues, ni de les apprécier (c'est bien agréable quand c'est le

cas, mais c'est la cerise sur le gâteau), ça n'empêche pas de travailler

pour un même objectif (là, j'utilise un exemple local : l'usine de

papiers CANSON, ou la fabrique de bus Irisbus).

- je ne mets pas ensemble des élèves qui vont se taper dessus...

- s'ils se tolèrent sans s'aimer, ils peuvent travailler ensemble : il

faut qu'en effet la répartition des tâches soit claire, écrite par eux

(le plus souvent fixée par eux...il faut tâtonner en début d'année pour

qu'ils apprennent à négocier), évaluée par eux ensuite (inter-évaluation).(C.M.G.)

Au début de l'année, je laisse mes élèves s'asseoir où ils veulent.

leur réponse demeure bien sûr secrète) :

- trois copains qu'ils aiment beaucoup

- trois qu'ils détestent

- trois avec qui ils peuvent travailler

Je m'engage à ne pas les mettre dans l'entourage de ceux qu'ils n'aiment pas. Mais ils ne sont pas forcément avec leur meilleur ami et j'explique pourquoi. Le but, c'est de travailler avec efficacité. Et ça ne marche pas toujours avec le copain.

Je leur propose une première disposition et on en parle au "Conseil" suivant. Et on adapte.

L'essentiel, c'est d'en parler et de négocier, d'ajuster, de partager des objectifs. (C.M)

Pour que tout le monde travaille :

Les rôles : chaque membre du groupe se choisit une mission : secrétaire, lecteur, responsable du niveau sonore, intermédiaire avec le prof et le matériel, motivateur

je demande aux élèves de garder 5 mn sur la séance pour répondre aux questions suivantes :
- que devait-on faire ?
- qu'a-t-on fait ?
- comment s'y est-on pris (procédures) ?
- quels problèmes a-t-on rencontrés
- quelles solutions ?
- la prochaine fois nous... (propositions d'amélioration).

Ce petit bilan est présenté en fin de séance à l'oral par un ou deux groupes (en général,je désigne ceux qui n'ont pas su s'organiser -ils ne connaissent pas explicitement la raison- ou ceux qui n'ont pas trop bossé...) et de toute manière, rendu à l'écrit. Il compte dans les évaluations (compétence : je sais travailler en équipe et je sais analyser et corriger mes erreurs).

En début d'année, c'est n'importe quoi. En fin d'année, même dans les classes faibles ou peu travailleuses, ça marche bien. Les élèves insistent même pour rendre le bilan après s'ils n'ont pas le temps de le rédiger correctement.

Ca marche bien en 3ème, c'est un peu plus aléatoire en 6ème, mais c'est normal...

Evaluation

Pour le travail en équipe les items à valider sont les suivants :

- je chuchote ;

- j'apporte mon aide au groupe dans la mesure de mes capacités (ex si je

sais dessiner, j'illustre ; si je suis bon en orthographe, je relis le

travail écrit du groupe et j'améliore) ;

- je respecte les délais et donc je surveille la montre ;

- je suis capable de négocier mon rôle et celui de mes camarades ;

- je n'appelle pas le professeur sans avoir consulté mes camarades

auparavant (si je suis appelée pour rien -un camarade a la solution par

exemple, ou la question posée n'a pas été posée au groupe, je mets 1

point rouge sur la fiche de groupe).

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